Afrique du sud / Peintures / Zandile Tshabalala / PARADIS PERSONNELS ET REALISABLES

Il n’y a pas deux paradis qui se ressemblent. Et ce ne sont pas des points de détail qui les différencient. Mi- février, Puleng Mongale (Afrique du sud) proposait une version très critique, où le ciel bleu et l’envol des colombes laissaient entendre qu’il s’agissait d’une vaste foutaise. C’est pas là-haut que ça se passe, disait-elle, mais sur cette fichue terre. Voilà un point sur lequel Zandile Tshabalala est bien d’accord. « Enter paradise » nous ouvre les portes d’un deux-pièces cuisine, aéré, lumineux, où il fait bon s’allonger et sommeiller. Il est quatre heures de l’après-midi, au fond d’une forêt ou d’une maison paisible. « Je m’engage différemment sur ce terme de« Paradis », en m’éloignant d’une représentation idéalisée pour une perception quotidienne et tangible de « petits paradis ». Effectivement, elle ne déploie aucun artifice particulier. Disons plutôt qu’elle prend librement possession d’un espace. Le paradis, c’est, maintenant et comme je l’entends.

« Je veux que les récits de nous soient portés vers l’avant et représente la femme noire d’une manière plus confiante, sensuelle et belle, capable de pouvoir rêver (…) » Zandile Tshabalala.

Née à Soweto en 1999, son travail emprunte beaucoup à celui de Njideka Akunyili-Crosby. Elles partagent le même réalisme, vaguement mélancolique, mais d’une lucidité clinique. Les intérieurs ordonnés, les situations précises, dépourvues d’ambiguïté, laissent entendre un caractère critique aigu. Et certainement de véritables affirmations politiques et existentielles. C’est le cas de cette exposition toute entière, où la femme noire figure dans des rôles de confiance et d’affirmation. Plus question de rester coincées dans nos intérieurs de vie étriqués. C’est le paradis, et on ne va pas rater ça !

« Je pense que l’art, tout comme la contestation, permet de lutter contre les injustices raciales (…), dit-elle souvent. Je m’intéresse beaucoup à la centralisation de la femme noire dans mes œuvres. Je veux que les récits de nous soient portés vers l’avant et représente la femme noire d’une manière plus confiante, sensuelle et belle, capable de pouvoir rêver, être et (…) embrasser le soi tel quel, sans aucune excuse. »

L’exposition d’Accra multiplie ainsi les scènes intimistes. On y voit indifféremment des « intérieurs » de forêt, ou des appartements décorés de plantes vertes. C’est une heure indécise. Sans doute la tombée du jour. Une femme est couchée dans l’herbe et vous observe. Depuis son canapé, une autre semble sortir d’une rêverie. Son regard rencontre le vôtre. Et toujours cette impression d’un calme imperturbable. Aucun autre bruit que le bruissement des herbes, ou d’une radio à l’autre bout de l’appartement qui diffuse un air de jazz. Les couleurs sont délicieuses, d’une clarté comme celle du Douanier Rousseau. Entrez au paradis !





« Enter Paradise », du 19 fév. au 26 mars 2021. ADA art gallery, Accra (Ghana) 
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et © Zandile Tshabalala.

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