Chacun(e) a sa petite idée du paradis, chacun(e) y met la couleur du ciel qui lui convient. Le tout est de savoir, au moment où l’on monte l’escalier et que l’on pousse la porte, à quoi ce bazar va ressembler. Installée devant sa tablette numérique, Puleng Mongale s’intéresse dans sa dernière série aux options possibles. Ça s’appelle « Spirit » et comme son nom l’indique, ça remue les méninges.
La plasticienne sud-africaine a pour habitude de placer dans ses constructions des scènes issues de toutes les réalités possibles. Le parking en bas de chez elle, son canapé et sa téloche favorite peuvent donc figurer, et pour confirmer l’équilibre de l’ensemble, il est fréquent qu’elle prenne une place ou dix, ou cent… Sans doute une façon de dire que nos questionnements, nos luttes, nos envies, nos souffrances sont communes. Donc dans ce travail sur le Paradis (vive la majuscule catholique et baroque), beaucoup de Puleng Mongale sont au pied du Trône. D’ailleurs, il lui arrive aussi de monter sur ce trône.
« Heaven on earth » est une usine à questions. Parce que c’est un peu de l’au-delà qu’il s’agit (trompettes et colombes), mais surtout de notre réalité et de notre quotidien. De la même manière que les curés nous ont vendu un séjour céleste (toutes charges comprises, eau et électricité incluses), la société nous vend sa camelote. Les représentants de commerce ont également des robes blanches et des petites ailes qui battent. Les pigeons sont super-actifs, le thermostat est réglé à 20 degrés.
Puleng Mongale n’est pas dupe, ce paradis n’existe pas, et sa figure à répétition est une persistance de la conscience. Elle nous le dit et le répète, ce boxon sociétal n’est qu’une illusion ! Nous sommes en période de soldes ? Nous atteignons au nirvana de la consommation ? Seulement voilà, Dieu n’habite pas dans cette cité.

Heaven on earth, Puleng Mongale, du 11 fév. au 11 mai 2021, Doyle Wham and Latitudes.
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos DR et remerciements à Doyle Wham and Latitudes