En marge de sa fonction utilitaire, la céramique nourrit d’inlassables recherches, liées notamment aux symboles qu’elle véhicule. Le pot entretient de nombreuses relations à l’esprit autant qu’à la vie quotidienne. C’est cette ambivalence du sens que Ngozi-Omeje Ezema travaille depuis ses années d’études aux Beaux-Arts de l’Université Nsukka. La céramiste, mondialement reconnue, expose actuellement à Lagos, galerie Ko, une série de travaux liés à la feuille. Un thème qu’elle explore depuis plusieurs années et qui lui permet de travailler sur les questions d’identité féminine. A ses yeux, la feuille, par l’aspect fragile, éphémère et négligé qui est le sien, opère une forme de symbolique. Elle force à regarder dans une direction que l’on ignore souvent, et de la beauté philosophique qui en ressort.
Sa représentation du monde est fragile. Elle revêt un aspect tellement incertain qu’un souffle suffit à la détruire.
Les œuvres que Ngozi-Omeje Ezema a l’habitude de présenter peuvent être considérables, à l’image de ces grands animaux suspendus, constitués de centaines de « feuilles » brunes, pastilles de terre cuites tombant le long de filins translucides. Des éléphants, des bovidés, des oiseaux pareils à des songes, traités comme des hologrammes de pierre. L’artiste a certainement songé à ce qu’était le lieu premier de cette représentation, dans les falaises du nord, aux confins du grand Sahara. Cette figuration possède un aspect mythique.
Mais au-delà, c’est essentiellement la place de la femme que la plasticienne nigériane évoque. Sa représentation du monde est fragile. Elle revêt un aspect tellement incertain qu’un souffle suffit à la détruire. Du jardin originel, de la prairie heureuse, il ne reste que des songes suspendus.
« Boundless Vases » de Ngozi-Omeje Ezema du 28 janv. au 11 Fév. 2021.
https://ko-artspace.com/
RC (ZO mag’)
Photo DR et ©Ngozi-Omeje Ezema
Fragiles et fortes comme la vie, les créations de madame Ngozi-Omeje zema me donnent envie de les voir pour de vrai, au plus près, très bonne journée
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