Très tôt le matin, au moment où le soleil se lève. Face à cette étendue, la jeune fille regarde au large. Ou bien le jeune homme, l’un comme l’autre en attente. Dans les tableaux de Mohamed Diabagaté, l’impression première est celle du commencement. Ça tient à la lumière, à des dominantes pâles, pareilles à des couleurs qui s’ouvrent. Rose ou bleu, touches de jaune hésitantes, on est dans une suggestion permanente. Rien n’est réellement affirmé chez le peintre malien. C’est le début de la journée, dans cette savane qui s’éveille. On entend juste le vent qui passe dans les herbes, et le fleuve immobile couler dans la lumière immense.
Cette harmonie traverse toute l’œuvre de Mohamed Diabagaté. Tout comme chez son père, le très grand plasticien Ismaël Diabaté, l’atmosphère est celle d’une attente sans crainte, d’un accomplissement qui doit arriver. Pour parvenir à ce sentiment, Mohamed recourt exclusivement au collage de fines bandelettes de tissus. Cette légèreté du matériau participe évidemment à donner l’impression d’une matière vibrante, pourrait-on dire, comme si seuls le vent et la lumière pouvaient la mettre en mouvement. La beauté de l’effet vient ensuite du jeu des superpositions.
« De placer trois ou quatre couches me permet d’obtenir plus de nuances, » explique-t-il. « D’où cette impression d’un « ailleurs abstrait ». On peut tout y voir : notre passé, l’état présent, nos songes… Les personnages se tiennent là, entre l’immobilisme et la mise en marche, comme avant un premier pas .»Le monde qui s’ouvre devant eux reste encore à construire. Que poseront-ils comme actes ? Quels sentiments vont-ils nourrir ? Des questions que tout individu se pose, au matin de sa vie. Bien sûr, il s’agit d’une question sous-jaçente, mais qui n’altère jamais l’immense clarté du propos picturale. Le choix de très grands formats renforce encre cette impression quasiment marine, de plonger en un élément duquel on ne sort jamais vraiment le même. La question génèrera immanquablement la réponse. Mais ce sera le spectateur, et lui seul, qui l’apportera.
« (…) notre passé, l’état présent, nos songes… Les personnages se tiennent là, entre l’immobilisme et la mise en marche, comme avant un premier pas » Mohamed Diabagaté

Dans sa quête du sens, Mohamed s’arrête donc à la question. Cet instant où tout est possible encore. Au quotidien, le peintre adopte un comportement assez similaire et opte encore, malgré le travail inhérent, pour une grande disponibilité. Sorti major de ses différentes promotions, Diabagaté continue toujours d’ associer l’enseignement et le travail de l’atelier. Ses expositions se multiplient, bien au-delà des frontières maliennes, mais le matin, quand le jour se lève, il continue de rejoindre le lycée Boullagui Fadiga où il enseigne les arts plastiques. La classe, l’atelier que l’on partage, les jeunes qui interrogent, au moment de commencer leur vie, la clarté de l’aube.
Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : ©M.Diabagaté

Récompenses
2016: Prix du centre Soleil d’Afrique (Ségou’Art 2016)
2014: 3ème prix aux concours National (Talent de la Cité 2014) Smarts Ségou
Expositions
2020 : Oda gallery, Cape Town (Afrique du sud)
2020 : Foire internationale Art contemporain Segou (Mali)
2019: Arkane, résidence artistique, Casablanca (Maroc)
2019-2020 : Euroka, galerie Abidjan ( Côte d’Ivoire).
2019: Bamako art galerie BAG, exposition solo.
2018: OFF Biennale de DAK’ART, Nouvelles frontières.
2018: Festival sur le Niger, Ségou (Mali)
2017: RIVIER’ART (Menton, France)
2017: Festival sur le Niger Ségou (Mali)
2017: Galerie Médina
2016: Art X Lagos
2016: Salon d’art contemporain du Mali Ségou’Art (1ère édition)
Prix du centre Soleil d’Afrique (Ségou’Art 2016)
2016: OFF Biennale de DAK’ART (Nouvelle approche) expo-collective.
2016: Institut français du Mali, expo collective.
2012: Novembre / Institut Français du Mali, avec Ismaël Diabaté
2008: Espagne –Torrecaballero / expo-collective
2008: Musée National du Mali / expo-collective
2006: Palais de la culture Bamako / expo-collective
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