Nigeria / Yadichinma Ukoha-Kalu / LE DÉSERT FLEURIT

Et si la réalité pouvait être inventée ? Prenez un paysage. Un désert par exemple, parfaite illustration de la stérilité. Vous regardez une photo de ce lieu. Tout semble en place, mais les falaises, les buissons d’épines, sont couverts de feuilles d’or. C’est tellement beau, tellement nécessaire, cela agit sur vous comme un remède. Ukoha-Kalu travaille (un peu) de cette façon.

En 2017 déjà, elle concevait un espace « Birthscape », où elle entreposait des objets imaginaires, dans un paysage qui leur convient. Sa curiosité la pousse à concevoir des prolongements de réalité, des « opportunités ». Et alors le désert fleurit.

« Safron the Desert » (Safran au désert), titre de la présente exposition, lui est venu lors d’un voyage à Dubaï, en visitant les marchés de la ville. Certaines couleurs, comme l’orangé et l’or (couleur du safran), abondent. Elles sont toutes les deux synonymes d’abondance et d’apaisement. Dans un lieu désertique (Dubaï), elles présentent donc des opportunités de vie. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’humain ? Nos esprits présentent aussi des zones stériles. Mais il est possible de les transformer en y incluant des couleurs et des objets personnels, inventés ou réels. D’où cette exposition salutaire, présentée à Lagos, et qui parle de nos capacités à nous régénérer.

Cette fois encore, Ukoha-Kalu multiplie les matériaux. A commencer par la fleur de safran, mais aussi le papier calque, la bombe aérosol, l’aquarelle, la toile et le plexiglas, découpé au laser. Les formes s’associent ensuite, se masquent et se dévoilent, selon les angles sous lesquels on les regarde. En somme, la fantaisie et l’opportunité permettent d’inventer son paysage, de le retranscrire, dans une perspective choisie, de préférence positive.

Cette présentation à la galerie Ko (Lagos) participe donc de l’exploration. Elle se construit sur des acquis et la liberté que l’on prend avec eux. Libre à chacun(e) de transformer à son gré une réalité pour la rendre acceptable, chaleureuse, communicative, voire jouissive. Comme le disait Eluard, la Terre est bleue comme une orange. Ça change tout !

« Safron the Desert », 19 novembre au 3 décembre 2020, galerie Ko (Lagos).
https://ko-artspace.com/artists/25-yadichinma-ukoha-kalu/
RC (ABA mag’)
Photos DR et © Yadichinma Ukoha-Kalu

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