Tout est rencontre. Il n’y a rien de solitaire, aucune particule qui erre à l’abandon. C’est ainsi depuis le commencement. Le feu et la terre se mélangent, l’air et l’eau se conjuguent. Et dans la main, tous vont trouver l’exacte résonance. Les pièces qui sortent de l’atelier de King Houndekpinkou sont à cette image.
Tout est rencontre, parce que le céramiste est d’origine franco-béninoise et que son art a grandi au Japon. Rencontre parce que les terres d’ici et de là-bas croisent des racines communes, qu’elles ouvrent des portes assez semblables et qu’une même cuisson les unit. Si Houndekpinkou a choisi la céramique, c’est qu’il la considère comme la matière « première », le croisement spirituel de ces quatre éléments essentiels. Mais il s’est aussi dirigé vers elle, parce qu’elle le ramène à son sol et que le Japon en est devenu le prolongement singulier.

Formé auprès du maître Kayoko Hayasaki, le céramiste évoque un voyage existentiel, dont il tire aussi son équilibre. La découverte du Bizen-Yaki (2012), pratiqué depuis des siècles à Bizen (Japon), a donc jeté une sorte de passerelle entre les traditions animistes japonaise et béninoise. Voyage initiatique dont il ramène ces pots, tellement singuliers, comme issus d’un autre élément. Sans doute sortis d’un récif corallien, d’un océan de couleurs et de mouvements vibratoires. Ces pièces sont uniques, elles échappent au vocabulaire habituel. A l’image même de leur réalisation, puisque certaines ont été conçues en deux temps, entre la terre d’Aiwedji et le feu du Japon.
Fréquemment exposé aux États-Unis, en Australie, comme en Europe, King Houndekpinkou devait être présent à l’AKAA 2020. On devra donc attendre quelques mois encore avant de plonger dans leur univers cosmique. Art Genève en janvier prochain et Londres début février. Autres ciels, autres terres.
RC (ABA mag’)
Photos : DR et ©King Houndekpinkou.
Pour infos, la galerie Vallois représente l’artiste : http://vallois.com/index…/modernecontemporain/artiste/KING