Quand la journaliste Samira Goulmia l’interroge sur le pourquoi de ses femmes bleues, Moufouli Bello évoque une raison assez surprenante. « 𝘓𝘦 𝘣𝘭𝘦𝘶, dit-elle, 𝘦𝘴𝘵 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳, 𝘱𝘳𝘢𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦, 𝘰𝘶̀ 𝘫𝘦 𝘯𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘤̧𝘰𝘪𝘴 𝘱𝘢𝘴 𝘥’𝘢𝘨𝘳𝘦𝘴𝘴𝘪𝘷𝘪𝘵𝘦́. 𝘑’𝘢𝘪 𝘥𝘰𝘯𝘤 𝘤𝘩𝘰𝘪𝘴𝘪 𝘭𝘦 𝘣𝘭𝘦𝘶 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘤̧𝘢, 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘲𝘶𝘪𝘦́𝘵𝘶𝘥𝘦 𝘲𝘶’𝘪𝘭 𝘢𝘱𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦, 𝘭𝘢 𝘤𝘩𝘢𝘳𝘨𝘦 𝘱𝘰𝘴𝘪𝘵𝘪𝘷𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘳𝘦𝘴𝘴𝘦𝘯𝘴 𝘦𝘯 𝘭𝘶𝘪. » Une raison donc qui s’explique aussi par le travail qu’elle conduit.
La plasticienne, originaire du Bénin, qui vit et travaille à Cotonou, s’est attachée aux questions de parité et de statut, dans une société africaine impactée par le patriarcat. Le monde de l’art est à l’image de toute la société et de la sphère privée. Moufouli montre la différence de représentation, l’occupation des postes, le manque de visibilité que le genre induit, l’accès hiérarchique limité… Pourtant, dit-elle, ces femmes sont toutes différentes, porteuses d’histoire(s) et de compétences, elles contribuent à tous les niveaux à l’avancement de la société. « 𝘔𝘢𝘪𝘴 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘳𝘰̂𝘭𝘦 𝘳𝘦𝘴𝘵𝘦 𝘮𝘪𝘯𝘪𝘮𝘪𝘴𝘦́. 𝘓’𝘢𝘳𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘫’𝘦𝘴𝘴𝘢𝘺𝘦 𝘥𝘦 𝘱𝘳𝘢𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦𝘳 𝘷𝘦𝘶𝘵 𝘦𝘯𝘵𝘢𝘮𝘦𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘪𝘴𝘤𝘶𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘵𝘢𝘣𝘰𝘶𝘴 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘴𝘶𝘫𝘦𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘴𝘰𝘤𝘪𝘦́𝘵𝘦́ 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘪𝘥𝘦̀𝘳𝘦 𝘪𝘯𝘵𝘰𝘶𝘤𝘩𝘢𝘣𝘭𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘳𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘤𝘰𝘥𝘪𝘧𝘪𝘤𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 «𝘵𝘳𝘢𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯𝘯𝘦𝘭𝘭𝘦» 𝘲𝘶𝘪 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘪𝘧𝘪𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘪𝘯𝘫𝘶𝘴𝘵𝘪𝘤𝘦𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘪𝘯𝘦́𝘨𝘢𝘭𝘪𝘵𝘦́𝘴 𝘥𝘦 𝘨𝘦𝘯𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘭’𝘰𝘱𝘱𝘳𝘦𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯. »
Dans le cadre (et hors celui-ci), ces femmes bleues, comme l’indigo yoruba (Elù), nous regardent. Chacune est différente et dans cette richesse des figures tient une partie du discours. Moufouli rend un pluriel de possibles, d’âges, de fonctions, de rencontres… Il ne s’agit seulement du partage des pouvoirs, mais d’un enrichissement sociétal. « 𝘑’𝘢𝘪𝘮𝘦𝘳𝘢𝘪𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘳𝘦𝘯𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘺𝘦𝘶𝘹 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘷𝘰𝘪𝘦𝘯𝘵, 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘴𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪. ». De cette confiance, tient aussi la recouvrance.

Roger Calmé (ABA Mag’)
Photos : DR et ©Moufouli Bello
L’artiste est présente à Lagos20 online, avec la galerie SMO Contemporary Art (Lagos)
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