C’était une écoute très attentive des gestes, des coutumes, du cadre social en général et des contraintes qu’il exerce, que la plasticienne Adejoke Tugbiyele porte au travers de ses installations. Parce que les rôles attribués ne correspondent pas toujours à ce que l’individu voudrait, l’artiste américaine d’origine nigériane joue donc sur le déplacement volontaire de la limite première.
Ce qu’elle juge les partitions entre homme et femme, leur représentation, ce à quoi ils sont censés correspondre et quels types de déplacement la société, la religion, la politique leur autorisent. Ce qui est une discussion de genre, d’appartenance culturelle aussi, de permissivité admise ou non.
Au fond, c’est de liberté qu’il est question, et des possibilités poétiques et raisonnables d’y parvenir.
En résumé, suggère-t-elle, je suis une femme, mais cette identification n’a rien à voir avec ce que je deviens intimement et il est dans mon désir de m’occuper différemment des choses qui concernent ma vie, mon travail, mon sentiment. Comment vais-je traduire ça plastiquement ?

Diplômée en architecture au New Jersey Institute of Technology et détentrice d’une maîtrise aux beaux-arts du Maryland Institute College of Art (sculpture), Adejoke Tugbiyele s’attelle depuis 2012 à cette représentation de l’hybridité. Elle associe donc les médiums. Images immobiles et en mouvement, sculptures diverses et même performances. L’exposition, organisée par Ruzy Rusike, à Johannesburg va dans ce sens. L’improvisation corporelle, l’affichage des apparences (costumes), la sculpture sur base d’éléments traditionnels (balais d’herbes) et de matériaux naturels participent à la (dé et re) composition. Au fond, c’est de liberté qu’il est question, et des possibilités poétiques et raisonnables d’y parvenir.

RC (ABA mag’)
Photos : ©Adejoke Tugbiyele et DR
Hybrid Spirit, 15 oct. au 15 nov. 2020.The Melrose Gallery, Johannesburg (Afrique du sud)
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