Les divinités ne sont jamais loin. Un fleuve qui passe, un battement d’ailes, la poussière que soulèvent les sabots du buffle. Samson Gahoui a grandi dans ce respect de l’invisible. Un jour, son grand-père lui a même dit qu’il fallait peindre ces choses que les gens ne voient pas. Samson a alors commencé l’ immense dialogue, avec les esprits et le vent, avec la lumière qui vient des doigts du vodoun. Et qui dit la vérité.
C’est en partie ce que raconte « Vie de femme », l’un de ses dernières toiles, évocation sereine de la naissance. Dans le ventre de sa mère, le bébé attend et visiblement, ce temps est satisfaisant. « Les Anciens ont toujours consulté le fa (vodou) pour savoir si l’enfant aurait un parcours heureux. S’ils voyaient quelque chose qui n’allait pas, ils faisaient appel aux esprits de la famille et ils organisaient un cérémonial de sortie. » Cette fête essentielle avait lieu un soir de pleine lune, selon les familles et les lieux, à un moment ou un autre de la grossesse.
A en juger par la bonne humeur du nouveau né, aucune inquiétude à se faire. Dans ce liquide nourricier, de nombreux esprits sont venus. Ils participent à la joie et l’enfant sourit, tandis que sa mère entend la confidence légère du Grand Fleuve et des étoiles qui boivent le vent clair. Le vodoun est une bénédiction, fraîche comme l’eau du puits. Sur les photographies, Samson peint souvent la nuit. Il y a des complicités dont on ne parle pas, mais qui guident le pinceau et le protègent. L’enfant est dans le ventre encore et un jour il deviendra peintre.
« Vie de femme », 1, 00m x 0, 80m, acrylique sur toile, 2020.
RC (ABA mag’)
Photo : ©S. Gahoui.
zoes.fr 
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