RDC / Zeka / LA MORT DANS LE SILENCE

« 𝘑𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦́𝘦 𝘱𝘢𝘳 𝘭’𝘢𝘶𝘨𝘮𝘦𝘯𝘵𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘢𝘵𝘵𝘢𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘣𝘳𝘶𝘵𝘢𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘪𝘷𝘪𝘭𝘴 𝘪𝘯𝘯𝘰𝘤𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘨𝘳𝘰𝘶𝘱𝘦𝘴 𝘢𝘳𝘮𝘦́𝘴, 𝘦𝘵 𝘱𝘢𝘳 𝘭𝘢 𝘳𝘦́𝘢𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘧𝘰𝘳𝘤𝘦𝘴 𝘮𝘪𝘭𝘪𝘵𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘱𝘰𝘭𝘪𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘰𝘯𝘵 𝘦́𝘨𝘢𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘪𝘴 𝘥𝘦 𝘨𝘳𝘢𝘷𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘰𝘭𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴, 𝘺 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘪𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘦𝘶𝘳𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘰𝘭𝘦𝘯𝘤𝘦𝘴 𝘴𝘦𝘹𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 » .

Cette femme, auteure de ces lignes, s’appelle Michelle Bachelet. Elle est Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme. En juin 2020, elle annonçait une fois encore que le Kivu était une région martyre. En huit mois, 1200 civils avaient été tués par les groupes armés (M23, FDLR, ADR…). Violés, torturés, contaminés par le Sida… Des millions de personnes vivent cet enfer depuis 30 ans. Personne n’ose avancer de chiffres sur le nombre de tués. Quatre ou 5 millions… dans une indifférence quasi générale. Quelques voix, un docteur héroïque (Denis Mukwenge), Nobel de la paix (aujourd’hui menacé de mort), une commissaire au Nations-unies, des ONG… Ceux qui restent sur place et tentent de secourir, ceux qui ont été forcés de rentrer. Impuissants.

Le 4 mars 2020, « Zeka » descend dans la rue, à Kinshasa. Avenue de la Libération. Il est en haillons, souillé de sang, et il court après une ambulance, les bras tendus. Il demande du secours. « 𝘑𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘢𝘪𝘴 𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘢𝘨𝘦 𝘢𝘶 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘮𝘦́𝘥𝘦𝘤𝘪𝘯 𝘦𝘵 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘰𝘪𝘴 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘢𝘭𝘦𝘳𝘵𝘦𝘳 𝘭’𝘰𝘱𝘪𝘯𝘪𝘰𝘯. 𝘊’𝘦𝘴𝘵 𝘴𝘤𝘢𝘯𝘥𝘢𝘭𝘦𝘶𝘹, 𝘢𝘶-𝘥𝘦𝘭𝘢̀ 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵. 𝘓𝘦𝘴 𝘮𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘳𝘪𝘤𝘩𝘪𝘴𝘴𝘪𝘮𝘦𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘨𝘪𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘪𝘥𝘦́𝘳𝘢𝘣𝘭𝘦𝘴… » La guerre ne fait que préparer le terrain pour de futures occupations. « 𝘓𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘫𝘦𝘶𝘹 𝘦́𝘤𝘰𝘯𝘰𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘮𝘪𝘯𝘪𝘦𝘳𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘵𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘦́𝘯𝘰𝘳𝘮𝘦𝘴, 𝘲𝘶𝘪 𝘷𝘢 𝘴𝘦 𝘴𝘰𝘶𝘤𝘪𝘦𝘳 𝘥𝘦 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘮𝘪𝘭𝘭𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘥𝘦 𝘤𝘪𝘷𝘪𝘭𝘴 ? » Il désigne en particulier, victimes récentes, les environs et la ville de Beni.

Alors Zeka court et implore. Il demande « 𝘶𝘯 𝘷𝘦́𝘳𝘪𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘦𝘯𝘨𝘢𝘨𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘧𝘰𝘳𝘤𝘦𝘴 𝘮𝘪𝘭𝘪𝘵𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘪𝘯𝘵𝘦𝘳𝘯𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘢𝘭𝘦𝘴, 𝘭𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘵𝘦𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘢𝘨𝘦𝘴, 𝘭𝘢 𝘮𝘪𝘴𝘦 𝘩𝘰𝘳𝘴 𝘥𝘦 𝘯𝘶𝘪𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘭𝘥𝘢𝘵𝘴 𝘥𝘦 𝘭’𝘩𝘰𝘳𝘳𝘦𝘶𝘳. » Trente ans que ça dure. On parle de génocide, peu importe le terme, s’il est ou non approprié, mais le nombre de morts se chiffre à cinq fois celui du Rwanda. Un artiste dans une rue de Kin, des rappeurs en France, des peintres en RDC. Juste quelques voix pour dénoncer le silence.

RC (ABA mag’)
Photo : ©Zeka

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