C’est plus que de la colère. C’est de la colère et du dégoût, et l’envie de crier, tellement ça fait mal. Alors Bob-nosa Uwagboe le dessine.
Depuis deux mois maintenant, les rues des grandes villes du Nigeria veulent rompre le silence. Au départ, il ‘agissait de dénoncer les méthodes policière. Et puis la constation s’est détendue. Même si elle est la première puissance du continent, le Nigeria continue de vivre dans la misère. Il y a quatre ans déjà, Amnesty International pointait les exactions policières. En ligne de mire, les forces de la SARS. Des dizaines de cas de violences ont mis ce régiment sur la sellette. « 𝘋𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘰𝘭𝘴 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘪𝘴 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘪𝘴𝘴𝘢𝘳𝘪𝘢𝘵𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘢𝘨𝘦𝘴 𝘢̀ 𝘵𝘢𝘣𝘢𝘤, 𝘥𝘦𝘴 𝘦𝘹𝘢𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘪𝘯𝘯𝘰𝘮𝘮𝘢𝘣𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘤𝘵𝘪𝘮𝘦𝘴. 𝘓𝘦 𝘨𝘰𝘶𝘷𝘦𝘳𝘯𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘮𝘪𝘴 𝘮𝘢𝘪𝘯𝘵𝘦𝘴 𝘧𝘰𝘪𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘰𝘪𝘳 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘭𝘦 𝘮𝘦́𝘯𝘢𝘨𝘦. 𝘙𝘪𝘦𝘯 𝘯’𝘦𝘯 𝘦𝘴𝘵 𝘴𝘰𝘳𝘵𝘪. A𝘶𝘤𝘶𝘯 𝘤𝘰𝘶𝘱𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘯’𝘢 𝘦́𝘵𝘦́ 𝘤𝘰𝘯𝘥𝘢𝘮𝘯𝘦́, 𝘦𝘵 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘣𝘳𝘪𝘨𝘢𝘥𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘪𝘯𝘶𝘦 𝘥𝘦 𝘳𝘢𝘯𝘤̧𝘰𝘯𝘯𝘦𝘳 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘷𝘪𝘰𝘭𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴.», explique le peintre. Il y a quinze jours, alors qu’il manifestait, un jeune homme a été assassiné par ces mêmes forces de l’ordre.
Des instantanés de barbarie. » 𝘐𝘭 𝘺 𝘢 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦𝘴 𝘵𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦́𝘨𝘶𝘦𝘶𝘭𝘢𝘴𝘴𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘧𝘢𝘪𝘵𝘦𝘴, 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘳𝘦𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘵𝘦́𝘦𝘴 ? »
La nouvelle série que Bob-nosa nous a proposé de montrer, est à l’image de ces actes barbares. Des dessins sales, faits dans l’urgence du crayon, du fusain et de l’acrylique. Des instantanés de barbarie. » 𝘐𝘭 𝘺 𝘢 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦𝘴 𝘵𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦́𝘨𝘶𝘦𝘶𝘭𝘢𝘴𝘴𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘧𝘢𝘪𝘵𝘦𝘴, 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘦𝘻-𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘳𝘦𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘵𝘦́𝘦𝘴 ? » La défécation reste ce qu’elle est. Un viol sur une femme âgée ou jeune, dans l’étouffement d’un bureau, demeure un acte d’inhumanité. Peindre, c’est parler, c’est dire ce que l’on baîllonne, ce que le policier force au silence, avant d’enfoncer dans la chair l’instrument de torture.
Roger Calmé (ABA mag’)
Photos : © Bob-nosa
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