On aime certains tableaux comme de la musique. Jazz ou classique, dans l’abondance des sons qui deviennent de la lumière, la réflexion de celle-ci, à la surface de l’eau ou au travers d’un feuillage. Tout est correspondance, passerelles d’émotions entre la clarté et l’accent d’un cuivre ou le bruissement de l’eau. Larry Otoo est dans ce sens, comme une pièce de Gerschwin… ou un étang de Monet. L’impressionnisme à cet instant où les contours tendent à disparaître, happés par la lumière qui naît d’eux.
Quand on regarde de près une toile, parmi les plus récentes du peintre Ghanéen, cette impression submerge. Un bain de lumière, une immensité de particules libres et bourdonnantes. A mesure que l’oeuvre va vers son terme, elle se dépouille encore du superflu, pour revêtir ce qui convient le mieux au thème : sa musicalité. Déjà, ses orchestres de jazz, ou ses marchés africains le laissaient entrevoir. Mais dix ans plus tard, les plages peintes, les lisières de l’océan, sont un émerveillement d’éclats, de la diffraction, un étourdissement de scintillance. Est-ce un hasard si en 1987, la galerie Arts Circle (Munich) évoquait son « impressionnisme africain » ? Tout était déjà en place.

L’évolution actuelle est comme l’entrée de la peinture dans la matrice originelle, le bouillonnement premier.« Out of Africa » (Barcelona) entretient une forte relation avec le peintre. En 2015, Sorella Acosta avait accroché ses musiciens de jazz et il y a un an, ses vibrations de couleurs retrouvaient le même écho passionné. Aujourd’hui, le lieu édite un catalogue pour balise de ses derniers travaux. Un hommage à la clarté, pour celui qui dit « 𝘯’𝘢𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘫𝘢𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘦𝘪𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘦 𝘲𝘶𝘰𝘵𝘪𝘥𝘪𝘦𝘯 𝘢𝘧𝘳𝘪𝘤𝘢𝘪𝘯 ». On aimerait que la réalité reste ainsi, dans ce papillonnement de lumière. Foules remplies de clartés, dissoutes de bonheur.

Roger Calmé (ABA mag’)
Photos : DR et ©L. Otoo
Remerciements à la galerie Out of Africa (OOA), Barcelona.
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