D’abord il y a la couleur. Ça tient de la pénombre et de la profondeur de l’eau. En fait, c’est une eau ancienne et mélancolique, au bord de laquelle on passe, sans trop voir au travers. Il faudrait avoir cette possibilité, d’entrer dans le liquide, de l’autre côté du miroir et de s’enfoncer au travers de ce vert. Les souvenirs fonctionnent un peu de cette façon. Peut-être que Titza Berhamu peint les souvenirs, le sentiment d’amour, de tendresse que l’on connaît à un moment, et qui s’imprime en vous, dans l’épaisseur de l’eau. Dans le profond de l’âme.
«Faces In Green, 2020» vient d’être présenté dans «Now’s the Time: Eight African Painters», organisé par le critique Paul Laster. Selon ses mots, « représenter avec passion des personnes regroupées dans des actes de réconfort et de tendresse », voilà ce qui l’intéresse. L’artiste éthiopienne, diplômée de l’ Alle School of Fine Art and Design (Addis-Abeba) s’intéresse à ce territoire très intime où s’exprime le sentiment. « Comment te dire ma tendresse ? Mon attente de toi ? La solitude dans laquelle me plonge ton absence, l’éloignement ne sera que temporaire, promets le moi ! » Et comme il s’agit de questions essentielles, non satisfaites parfois, il arrive aussi que la tristesse s’immisce.
« Représenter avec passion des personnes regroupées dans des actes de réconfort et de tendresse»
Si elle a principalement exposé en Éthiopie, notamment à l’ambassade des États-Unis (2018) et à l’ Addis Fine Art Gallery (2019), la jeune artiste (née en 1991), va très vite intéresser les galeries occidentales. L’expo en ligne « Draw Closer » en est sûrement le premier signe. Et les critiques de Paul Laster vont dans ce sens.
Le travail est émotionnellement intéressant et il s’appuie sur une technique très vive, des coups de brosses qui vont comme des paroles instinctives, des couleurs sombres, mais sans hésitation possible. Tizta Berhanu a choisi le monochrome, parce qu’il crée une unicité sans partage possible, sans ambiguïté. Les sentiments vrais sont ainsi faits. Cette eau n’est jamais incertaine, juste profonde.

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : ©Tizta Berhanu
Expo : Draw Closer, jusqu’au 25 sept., Tizta Berhanu, Addis Fine Art
https://www.artsy.net/…/addis-fine-art-tizta-berhanu…
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