Une carte, des points et des lignes qui disent les routes. Dans le ciel, sur la mer, au travers du désert, l’homme pose ces repères temporels et jette des hypothèses de mobilité. La ligne traduit ce mouvement. Mais c’est une ligne périssable, qui ne dure qu’un temps. La terre tourne, la lune quitte sa place. Les étoiles sont en déplacement perpétuel. De la même façon, la petite chose humaine, devant l’immensité de l’histoire et de l’espace.
Dana Whabira est architecte de formation et travaille à Harare (Zimbabwe). Elle a étudié l’art et le design au Central Saint Martin’s College de Londres. En 2013, cette plasticienne est à l’origine du Njelele Art Station. Il s’agit d’un laboratoire de réflexion artistique sur les liens complexes que nos histoires entretiennent les unes avec les autres. La multitude d’expressions et de commerces (au sens le plus large) qu’elles peuvent tisser fournit ainsi des points de départ à ses travaux plasticiens.
C’est comme la recherche d’une situation, forcément aléatoire, mais de laquelle découlent des choses d’une grande gravité…

Prenons l’exemple d’un pull. Il y a quinze ans, le travail textile fournissait du travail dans son pays. Puis la Chine et la mondialisation sont arrivées. Les usines sont des ruines. Les mains sont inactives. Les visages regardent dans le vide.Ses travaux, de façon collective ou individuelle, ont été montrés à Venise (2017), Dak’art (2018), et étonnent par la justesse de leur réflexion. C’est comme la recherche d’une situation, forcément aléatoire, mais de laquelle découlent des choses d’une grande gravité, la construction des forteresses, le déplacement des armées.
Son travail le plus récent devait être montré à la Biennale de Kampala, en compagnie de huit autres artistes : Laurence Bonvin (Suisse), Arnaud Cohen (France), Lavar Munroe (Bahamas) , Lilian Mary Nabulime (Ouganda), Maurice Pefura (Cameroun), Tracy Rose (Afrique du Sud) et Andrew Tshabangu (Afrique du Sud). Mais ce point de rendez-vous a été annulé. Il reste à savoir s’il sera reporté, si la ligne peut encore exister. Dans le prolongement d’un point, le déplacement nécessaire.

Roger Calmé (ZO Mag’)
Photos : ©Dana Whabira
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