Éthiopie / Selome Muleta / VUES INTERIEURES AVEC FEMMES

Une femme, un intérieur de maison, des objets, une volonté ou une absence. Des objets. Pas d’objets. La peinture explore sous toutes ses formes cette question du personnage dans son cadre. Une femme dans un décor, pas forcément choisi, pas forcément haï, un domicile avec ou sans vue, qui casse ses murs ou se laisse écraser par eux. Une femme libre, une femme en détention. Une femme représentée sur la toile, peinte, arrêtée dans l’instant et mise dans le cadre.

Selome Muleta prend le temps de ce type de peinture formidablement intime, qui tient à des fragments de temps, de lumière, de sentiment. Jetez un œil sur son Facebook. Sa page de garde est un réel chef-d’œuvre. Une jeune femme allongée, les mains sous son menton, sur un dessus de lit. Minimale et lumineuse. Ou encore sur ces toiles actuellement exposées par Fine Arts d’Addis-Abeba : elle, assise, son chat sur ses genoux, dans l’après-midi qui passe, dans la vie, sans fait-divers, sans objet divers, juste cette complicité d’un moment, du geste arrêté.

Une femme dans un décor, pas forcément choisi, pas forcément haï, un domicile avec ou sans vue, qui casse ses murs ou se laisse écraser par eux.

L’un des tableaux exposés, Tsedal, résume en partie ce cheminement. « Elle est assise sur ce fauteuil et on ne voit pas son visage. Ce que je veux dire, c’est sa relation à l’environnement, aux objets qui l’entourent. Je pense que nous avons des relations de ce type avec tout ce qui nous entoure. Parce que simplement, c’est nous qui les « construisons », murs, tables, fleurs et feuilles… »

Cette dernière série, à huis-clos, est à la fois paisible et vertigineuse. A 28 ans, la (jeune) peintre atteint une maturité qui tient autant à la narration, sans artifice, essentielle qu’au geste, rapide, de l’ordre de l’incursion intime. C’est dans une maison, une fin d’après-midi. Que dire de plus ? Robe rouge, robe jaune, chat noir, pièce blanche et une porte à l’autre bout de la chambre. D’un tableau à l’autre, le sentiment inspire des variations délicates. On peut y lire l’ennui, l’absence d’illusion, mais aussi une singulière tendresse, qui s’exprime sans réticence, comme celle d’une mère à un enfant. Selome Muleta, peintre de l’infiniment humain.

Roger Calmé (ZO mag’)
Photos : © Selome Muleta
Du 14 sept. au 21 nov. 2020, Addis Fine Arte, Addis-Abeba, Éthiopie.

2 commentaires sur “Éthiopie / Selome Muleta / VUES INTERIEURES AVEC FEMMES

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