Afrique du sud / Alfred Thoba / A BALLES REELLES

Le gamin avait 13 ans. Il s’appelait Hector Pieterson. La balle l’a atteint dans le dos et il est tombé sur le sol. Le photographe à pris les images. Le 16 juin 1976, à Soweto. Pour « dissiper » les manifestants, des lycéens, la police tirait à balles réelles.

Quand il peint en 1987 sa toile « Riots 1976 », Alfred Thoba parle déjà du township. Des chiffres. De la misère. Et de l’apartheid. Un million d’habitants dont 54 % au chômage, 86 % des logements sans électricité et 93 % sans installation sanitaire. Ce travail marque véritablement son entrée en résistance. Une déclaration de refus.

Aujourd’hui, c’est la drogue, la prostitution des enfants, la violence extrême, toutes ces pandémies qui ravagent le ghetto.

Trente ans ont passé. Thoba a vécu toutes les périodes de l’Apartheid. A commencer par Marakana où la police (noire cette fois) tire sur les grévistes (noirs encore). Combien de morts ? Ses couleurs sont les mêmes, son trait va au fond du fond des choses. Dans Resistance Art in South Africa de Sue Williamson, il dénonçait cette précarité. Aujourd’hui, c’est la drogue, la prostitution des enfants, la violence extrême, toutes ces pandémies qui ravagent le ghetto. Comme le dit Ayanda Malubu, « c’est cet héritage catastrophique que les années Mandela nous ont laissé ? »

Et si le bangala de Zuma n’apparaît pas….

En début d’année, janvier 2020, l’Art Fair du Cap l’exposait abondement au travers de l’expo montée par la Kalachnikovv gallery. Ses toiles sont parmi les plus cotées en Afrique du sud. Dans une vente de 2017,  » Riots 1976″ a dépassé les 190 000 rands. La presse en a parlé… bien plus que de la toile. Ce n’est qu’une reconnaissance économique. Au-delà de ce chèque, il y a la sensibilité permanente à ces laissés-pour compte de la liberté. Quelle liberté ?

Dans un style (faussement) naïf, Thoba produit des peintures directes, des aplats de couleurs sorties de l’enfer urbain, la pauvreté, le sexe comme instruments de pouvoir. Dans un registre différent, comme Ayanda Malubu, il pointe du doigt l’ANC. C’est à dire le pouvoir, la corruption, le cynisme. La peinture est une arme, et elle n’est pas chargée à blanc !

RC (ZO Mag’)
Photos DR et Kalachnikovv gallery

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