Fabuleuses années 60. N’y voyez pas un penchant au rétro, ou selon le mot à la mode une tendance vintage. Si nous avons un tel enthousiasme pour cette période, c’est qu’elle est révélatrice. Et le révélateur en photographie, c’est assez indispensable. Effectivement, on sort de la guerre, on cavale dans les indépendances, on découvre le chewing et le coca, on jerke on twist… et on se photographie. Tous les grands sont passés par cette case. Malick Sidibé, Jean Depara, Roger da Silva… Kinshasa, Dakar, Bamako… capitales nocturnes et jouissives, clignotement des néons, blondinettes et noirinettes, apéros chics.
A Niamey, même déclencheur. Au 125ème, Philippe Koudjina fixe sur la pelloche la jeunesse nigérienne. Et pas que la jeunesse. Le Niger est en plein boom de l’uranium. Forcément, les francs CFA coulent à flots. Venu de Cotonou à 20 ans, le jeune homme se passionne pour la photo. Un festin s’offre à lui. Philippe Koudjina croque par centaines ces aventuriers, blancs manioc, voyous, innocents, noirs ou blancs, qui fréquentent l’Éden et le Paradisio, où boire le sky et se faire briller les yeux.
Koudjina fonctionne différemment, en ce sens qu’il fixe la société au plus près, sans faire semblant, sans accentuer le trait. C’est du journalisme romanesque.






La photo de Koudjina est tellement différente de celle de Seidou Keïta ou même de Malick Sidibé. Le premier tend des décors, vise à un maniérisme quasi 19ème. C’est beau, Keïta, comme une peinture de Delacroix. Quant à Sidibé, il donne une tellement chaleur, une incroyable affection. Koudjina fonctionne différemment, en ce sens qu’il fixe la société au plus près, sans faire semblant, sans accentuer le trait. C’est du journalisme romanesque.
Un post sur Koudjina, pourquoi ? Parce que nous n’avons vu aucune de ses images depuis sa mort en 2014. Le jeune homme de Niamey avait 75 ans. A enseigner dans les écoles. Koudjina, photographie nécessaire !

RC (ZO Mag’)
Photos DR
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