Il fallait partir. C’était la seule chance de s’en sortir. Dans les scènes de MCloud Simango, les personnages sont en transit. Quand on peut voir leur visage, ils attendent sur le bord des trottoirs, peut-être dans une gare routière, l’arrivée d’un bus. Les bagages sont attachés sur des charriots à roulettes, enveloppés de plastique. Le soleil tombe de côté et met de grandes couleurs. L’horizon est barré de codes barre. Rouges, jaunes, verts, bleus, l’arc-en-ciel de l’espoir.
« La petite ville de Bulawayo, explique-t-il, est très belle. On y voit des lions et pleins d’animaux sauvages. La savane est immense, et la pauvreté tout autant. La crise économique a tout ravagé. » L’alternative n’était pas trop compliquée. Il pouvait encore vivre ici de petits boulots. La rue lui fournissait la matière. Ou bien partir.

« Ma peinture en ce moment exprime l’idée du mouvement. C’est l’unique possibilité que nous avons. Je veux dire aux gens, quand ils se lèvent le matin, que ce mouvement peut les sauver. Il y a Dieu et le déplacement. »
Sans doute que l’Afrique du sud lui a sauvé la vie. En ce sens que la rue ne s’est pas refermée sur lui, et que la chance lui a permis de rencontrer les bonnes personnes. En intégrant le Living Artist Emporium, il va disposer d’un minimum de matériel et de l’accès à des techniques nouvelles. Sa toile s’enrichit de matières, de sables, de choses ordinaires et dynamiques ramassées dans le quotidien. Et puis ses traits se précisent : au bout de la rue, des groupes de personnes s’avancent. Un homme qui porte des sacs, une femme qui pousse un chariot.
Leur visage n’apparaît pas. Ce sont les éléments de la foule en mouvement. Le peuple qui marche à la recherche d’une terre promise.

RC (ZO Mag’)
Photos DR et MCloud Simango
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