L’atelier de Gerald Chukwuma commence au village igbo. Il est couvert des mêmes couleurs, de la même poussière et les murs inscrivent des symboles qui disent la fertilité et l’abondance des récoltes. Il est difficile de dire où débute la toile et la danse qui en sort. Peut-être appartient-elle déjà à une histoire précédente. Mais elle portent toutes deux une évidente parenté. L’une et l’autre se nourrissent de la même eau.
En mai dernier, la galerie Kristin Hjellegjerde (Berlin) présentait une exposition intitulée «Ikwokirikwo: Dance of the Spirits ». Ce travail explore une tradition ancienne, quasi oubliée de ce peuple du Nigeria. Comme l’explique l’artiste, elle date d’un temps où l’écrit n’existe pas. La danse est l’écrit. « Pour réaliser ces œuvres, j’ai dû aller là où les danseurs vont quand ils dansent. Je voulais entrer dans ce même état de conscience élevée. Pendant tout le temps que j’ai passé avec eux, je n’ai jamais vu un seul document écrit. Mais il est difficile d’imaginer comment les mots pourraient le capturer. »
Trois mois ont été nécessaires à cette préparation. Chukwuma en parle comme d’une composition musicale. C’est un assemblage « orchestral » de matières, des mélanges de bois, de la gravure, de la peinture, du feu également et de la récupération multiple, canettes et cartes téléphoniques dans des collages de temps et de couleurs.
L’histoire, telle que Gerald Chukwuma la raconte, illustre le déplacement de la culture et des hommes qui la portent. Les symboles traditionnels Uli et Nsibidi s’adaptent à une modernité, elle aussi porteuse de sens et de devenir. L’enracinement est là qui assure la continuité. C’est ainsi que les saisons aujourd’hui se succèdent et que la pluie apporte la fécondité.
RC (ZO Mag’)
Photos : DR
zoes.fr 
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