Le plus souvent, c’est une actu en noir et blanc. Violente, insalubre et toxique. Apparu sur la carte des banlieues noires de Joburg, dans les années cinquante, Thokoza est un township problématique.
En 1990, plus de 200 000 habitants s’y entassent. Première otage, la jeunesse, coincée sous ces planches et ces tôles de récupération. Initiée en 2012 par Rubis Mécénat, « Of Soul and Joy » est d’abord un outil d’intégration.
En charge de l’initiative, Jabulani Dhlamini motive depuis cinq ans des photographes à animer les ateliers d’initiation. Au centre de leur travail, ce lieu, les questions qu’il pose et les solutions que l’on peut esquisser, au 1/ 125 ou en mode pause. Et une question assez simple: Si la photo nous aide à comprendre une situation, un lieu, des relations peut-elle aussi nous permettre de les infléchir ? Au final, des jeunes en action, des photographes qui poussent la sensibilité du film, et des expos qui voyagent au travers du pays, soutenues par des grands noms comme David Goldblatt.
La photographie est un outil à multiple usage. Elle permet de prendre de la distance, de s’approprier différemment le lieu, de ne plus en être la victime.
Jusqu’au 6 septembre, la fondation Manuel Rivera-Ortiz accroche à Arles une trentaine de jeunes photographes issue du township. Le travail est étonnant, parce qu’il échappe à la représentation attendue, s’attarde parfois à des lumières, des 5 à 7 fulgurants, des portraits à la fois dérisoires et d’une totale beauté. Un enfant est assis dans un angle du crépuscule, le visage couvert d’un masque héroïque. Une vieille femme observe avec tendresse la vie qui revient.
La photographie est un outil à multiple usage. Elle permet de prendre de la distance, de s’approprier différemment le lieu, de ne plus en être la victime. Mais aussi, elle participe à une intégration critique et créatrice. Thokoza respire.
RC (ZO Mag’)
Photos : ©Rubis Mécénat et DR
zoes.fr 
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