Haïti / Florine Démosthène / FEMININ-MASCULIN

Florine Démosthène s’interroge à répétition sur cette énigme. Un corps sans artifice qui dit la maternité, le temps qui passe, l’appartenance à une autre terre. Elle le peint.

Le regard que l’on pose sur vous et celui que vous posez sur vous-même. C’est une question simple et carrément vertigineuse à répondre. Dans la nudité du miroir, une femme haïtienne de 50 ans, issue de la diaspora, noire américaine, habitante du Ghana, nue, avec des messages qui se télescopent, pas seulement la sexualité ou le jugement de l’homme, mais les appartenances croisées.

Il doit y avoir une seconde où la femme et l’homme se libèrent du jugement et disent leur désir ou leur répugnance. La nudité du désir et la justification du rejet.

Florine Démosthène s’interroge à répétition sur cette énigme. Et sa peinture tente d’ouvrir des postulats. Le corps est nu. C’est celui d’une femme de cinquante ans, le sien. Un corps sans artifice qui dit la maternité, le temps qui passe, l’appartenance à une autre terre. Elle le peint dans des combinaisons d’encres, de fusain et de graphite, appliquées sur un film polyester, le mylar. Un corps réel et mythologique, un corps subjectif et nu néanmoins.

 » Parce que le regard parfois nous juge inacceptables et à d’autres, il nous prend pour modèles. « 

«  C‘est quelque chose que j’étudie depuis que je suis enfant, étant une femme noire et observant tout au long de ma vie les normes que nous nous imposons. Le corps noir et féminin est à la fois complexe et alambiqué, » disait-elle dans une interview au site bombmagazine.org. « Parce que le regard parfois nous juge inacceptables et à d’autres, il nous prend pour modèles. » Au point de voir des femmes blanches se transformer pour nous ressembler. La confusion est constante. Le regard s’affole.

On imagine alors les goufres qui s’ouvrent, et dans ce vide de l’esprit, pris par des courants d’air, la chute -ou l’envol- vertigineux des corps. Florine Demosthène s’intéresse à cet instant précis. Il doit y avoir une seconde où la femme et l’homme se libèrent du jugement et disent leur désir ou leur répugnance. La nudité du désir et la justification du rejet.

R. Calmé (ZO mag’)
Photos : DR et © Florine Demosthène

Interview : https://bombmagazine.org

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