Au commencement était la ville. C’est tout à fait inexact, mais dans la peinture de Bouvy Enkobo, on pourrait dire les choses ainsi. La ville est un sacré boxon d’images et de sons…
…un fouillis inextricable de lignes qui passent par ici et par en dessous, puis de personnages en train de suivre ces lignes, qui viennent, qui vont, qui s’enfoncent… et dont on n’aperçoit rien, presque rien, juste une basket en train de marcher.
Bouvy dans ce grand désordre est presque introuvable. On sait qu’il est né en 1981 à Kinshasa, qu’il a entamé des études à l’institut Esfora, mais que ses idées n’étaient pas les mêmes et qu’il a tiré un bord de son côté. Ah j’oubliais, et c’est peut-être le plus chouette, gamin, pour se faire quatre sous, il vendait des cartes postales aux passants. Des cartes qu’il dessinait lui-même. On revient toujours à ses premières amours : la rue, les passants et le crayon.



En 2016, le Goethe Institut de Kinshasa l’a accompagné pour une expo à son atelier, 286 avenue Luvua, commune de Lingwala. Le quartier n’est pas le plus facile de Kin. Incertitudes quotidiennes, déraillages permanents. Dans la capitale congolaise, nombre de collectifs et d’artistes travaillent à cette proximité avec la population. Le voisinage social avec l’art, au travers d’expos hors cadre, de performances de rue, est un élément de réflexion pour Bouvy Enkobo. Solitude, anonymat des villes, standardisation et uniformité des rapports, des formes, des perspectives ? L’art travaille sur le trottoir opposé. Carte postale singulière, mister Bouvy !

RC (ZO Mag’)
©Bouvy Enkobo
Laisser un commentaire