C’est là, comme un arbre. Le souvenir d’avant, les rues d’une ville congolaise, les cris d’une foule… S’il vit et travaille aujourd’hui à Cape Town, face à l’océan, dans une ville beaucoup plus ordonnée que l’était Kinshasa, Ley Mboramwe n’oublie rien. C’est comme un arbre dans le cœur. « Les images que je produis se rapportent en partie à ce qui est arrivé à mon pays : la guerre, les tueries et le pillage des ressources. » Dans un jaillissement de rouges et de cendres, quelques visages passent. Ils sont comme des mécaniques crispées, des spasmes de vie, martelés de bruits sourds.
Ley ne dit rien ou presque de son départ de la RDC. Tout juste apprend-on ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa (2003), puis une reconnaissance qui n’a guère attendu. Mais cela reste anecdotique. Parce que la toile a beaucoup d’autres choses à raconter. Ley ne se limite pas seulement à la RDC. Le monde fournit en abondance matière à dénoncer. Qu’il s’agisse de l’Afrique centrale et plus largement du Continent, mais d’ailleurs aussi.
« Les images que je produis se rapportent en partie à ce qui est arrivé à mon pays : la guerre, les tueries et le pillage des ressources. »
En sortant de son atelier, il lui suffit de marcher. Bien sûr, les armes se sont tues, la misère est moins criante et Cape Town a joliment poli les angles. Mais qu’on regarde derrière la palissade… Et le pinceau continue cette narration émotionnelle. La toile sans plan précis, sans schéma conducteur, intuitive et en phase avec la réalité. Quotidienne.

RC (ZO Mag’)
Photos : © Ley Mboramwe
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