Hako Hankson / LA NUIT, ILS SORTENT DU MARIGOT

Vainement cherché dans les catalogues d’où était Hako Hankson. La trace est difficile à retrouver. Peu de choses ont été écrites. Élevé dans la tradition bangwa et bamiléké, son père était musicien et sculpteur. La lignée est royale, dit-il parfois.

Bangwa. C’est effectivement un début de piste. Dans les villages de l’ouest, on disait jadis que les enfants avant d’être fécondés, vivaient dans les marigots sous forme de crapauds ou de lombric noir. « Quand une femme tuait par mégarde l’un de ces animaux, elle portait sur ses reins des feuilles sèches de bananiers en signe de deuil. Ainsi, elle pouvait éviter d’avoir un enfant mort-né. La nuit, ces créatures sortaient de l’eau et allaient visiter deux par deux les cases d’habitation. Si elles croisaient un couple qui s’entendait bien, un enfant était laissé dans leur chair, » raconte Charles-Henri Pradelles dans un article sur les rites de la naissance (Persée, 1979). Ainsi, en sait-on plus sur Hanko Hakson ?

Sinon, il est titulaire d’un brevet en mécanique automobile, mais il a préféré très jeune la peinture à la musique des soupapes. Ses professeurs l’appréciaient beaucoup et lui confiaient la décoration des classes. Il vient aussi de bâtir une maison et passe beaucoup de temps sur des échalles. Sourire au pied de celle-ci. Parfois une galerie américaine lui rend visite.

La peinture de Hako Hackson respire la nuit. Ses visages traduisent beaucoup d’occupations symboliques. Il dit parfois à ses visiteurs qu’il faut relire les « cendres » du passé. C’est un grand livre, plein de couleurs et de vent. Et c’est cela qu’il peint et qu’il enseigne. Autour de lui, des enfants, de jeunes peintres et une école qui s’appelle « IN and OFF Art Center ».

Voilà, c’est donc le marigot, duquel sortent les lombrics noirs qui vont peindre la toile de la vie.