On en voit de toutes les couleurs. C’est comme ça que Mbare accroche en premier le regard. Rouge et bleue, avec des enjoliveurs en plastique, des sofas défoncés et un cimetière près de l’échangeur de Lytton road.
Mbare est le township le plus électrique d’Harare. Sa lumière ne s’éteint jamais. Les commerces de la vie doivent rester ouverts. Tous les négoces imaginables. C’est à cela que Widcliffe Mundopa s’intéresse. L’exposition qu’il montre aujourd’hui, chez Kristin Hjellegjerde Gallery (Londres) s’appelle « 1001 Afternoons », en référence aux contes orientaux. Il l’explique ainsi : « L’après-midi est un lieu d’attente, de possibilité, d’opportunité, de rêve ou de désespoir vacant. Tous sont égaux et présents dans ce laps de temps. » L’égalité des droits, l’égalité de la représentation donc, est un principe que Wycliffe défend avec passion. Toutes ces femmes ont droit à la lumière. Peu importe le métier qu’elles font et les danses qu’elles opèrent.

La société préfère souvent cacher ce qu’elle ne parvient à résoudre. Elle prive d’image et de parole les parias, les amputés, les syphilitiques. Le travail de certains artistes est d’aller voir à l’envers, dans l’ombre du soupirail. C’est exactement ce que faisait Toulouse-Lautrec, dans le Paris misérable des années 1880. Les filles dansaient et faisaient voir leurs dessous. Mêmes bastringues, mêmes solitudes. La société du Zimbabwe pose juste des couleurs différentes, et c’est de la techno qu’on écoute. Pour le reste… Wycliffe Mundopa s’en occupe. Vitriol !
RC (ZO Mag’)
Photos : DR et © Wycliffe Mundopa
Jusqu’au 12 juillet, Kristin Hjellegjerde Gallery 2 Melior Place, Londres SE1 3SZ.
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